Adapter son approche au consommateur numérique québécois

« La majorité des Québécois sont issus d’une culture française, vivent dans une société anglaise avec un mode de vie américain. » – Le Code Québec

Les Québécois sont uniques. Ils se distinguent des autres Canadiens et tiennent à leur individualité. Vous en doutez ? Je vous invite à lire Le Code Québec, un livre par Jean-Marc Léger, Jacques Nantel et Pierre Duhamel. Les Québécois sont différents à toutes sortes de niveaux, notamment idéologique, mais aussi technologique. En tant que spécialistes du comportement du consommateur numérique, nous sommes submergés de données canadiennes, et surtout américaines. Il est tout à fait pertinent de rester à l’affût des tendances et de généraliser certaines données aux internautes québécois. Les adolescents américains ne sont pas les seuls à avoir adopter Snapchat… Mais qu’en est-il des spécificités du peuple québécois en termes de stratégie numérique ?

Les médias traditionnels gagnent encore sur le Web.

Selon le CEFRIO, en 2016, 89% des adultes québécois disaient avoir utilisé les médias traditionnels au cours de la dernière semaine pour accéder à de l’information journalistique ou des nouvelles, et 68% l’Internet. Les Québécois passent encore plus de temps avec les médias traditionnels que le Web, particulièrement avec la télévision.

En entrevue avec eMarketer, Hector Pantazopoulos, Directeur des recettes chez SourceKnowledge, a dit que les taux de pénétration des émissions de télévision québécoises dépassent largement ceux observés au Canada anglais. « Tout le Monde en Parle » et « La Voix » rejoignent régulièrement plus d’un million d’auditeurs. Dans un marché de 8 millions de personnes, c’est énorme. D’ailleurs, le Québec se classe au premier rang pour son taux de pénétration avec la franchise « The Voice ».

À l’heure actuelle, une combinaison de Web et d’un peu plus de médias traditionnels qu’ailleurs au Canada est le meilleur moyen de rejoindre les Québécois. Après tout, la notoriété des médias traditionnels peut contribuer à une stratégie numérique gagnante !

Page Twitter de La Voix

La page Twitter de la version québécoise de La Voix a près de 150 000 abonnés.

Facebook n’est pas dépassé et doit être une priorité.

En 2016, 64% des adultes québécois avaient un compte actif sur Facebook et 57% sur YouTube. Pour Pinterest, LinkedIn, Instagram, Snapchat et Twitter, nous tombons sous la barre du 20% selon les dernières données collectées par le CEFRIO :Réseaux sociaux utilisés par les Québécois en 2016 CEFRIOEst-ce que cela veut dire que Pinterest, LinkedIn, Instagram, Snapchat et Twitter ne sont pas des plateformes intéressantes ? Non pas du tout, surtout pour cibler des groupes spécifiques. Par contre, de façon générale, Facebook et YouTube devraient être les plateformes à prioriser pour échanger avec les consommateurs québécois. Ce sont les réseaux les plus utilisés, et par conséquent ceux qui ont la plus grande portée. Si vous avez le temps de gérer un seul compte de réseaux sociaux, choisissez Facebook.

Le contenu créé pour le Québec est rare et apprécié.

Dans son rapport paru en mai sur le Canada francophone, eMarketer explique que le Québec a son propre star système. Les annonceurs ont tout intérêt à investir dans la création de contenu conçu spécifiquement pour le public québécois et mettant en scène des stars de la province. Par exemple, les campagnes publicitaires avec des humoristes sont généralement bien reçues : Martin Matte pour Maxi, André Sauvé pour RE/MAX, Patrick Huard pour Intact Assurance, etc. Sur le site d’Intact Assurance, vous remarquerez que la bannière de la page d’accueil est adaptée pour le Québec :

Page d'accueil d'Intact Assurance pour les Québécois

Page d’accueil d’Intact Assurance pour le Québec avec Patrick Huard

Ce qui est vrai pour les campagnes plus traditionnelles l’est aussi pour les influenceurs et le contenu commandité. Mieux vaut s’associer à des personnalités du Web québécoises pour influencer les Québécois ! Ce n’est pas le choix qui manque : Lydia St-Onge, Cynthia Dulude, Olivier Primeau… Pour en savoir plus sur les influenceurs québécois, je vous invite à consulter le billet de blogue de Christian Bourque et Laurie Michaud-Chea sur les enjeux auxquels font face nos blogueurs et vloggueurs.

Olivier Primeau, propriétaire du Beach Club de Pointe-Calumet, a plus de 82 000 abonnés sur Instagram.

La mobilité fait maintenant partie du quotidien des Québécois.

La proportion de Québécois qui possède un téléphone intelligent est grandissante. Le CEFRIO indique qu’en 2016, 58% des adultes québécois possédaient un téléphone intelligent. Cette proportion atteint 81% chez les jeunes de 18 à 34 ans.

Québec ou non, la mobilité n’est plus une option. L’adaptation du contenu Web à la mobilité sous toutes ses formes est essentielle. Pour ne pas repousser son lectorat, tout contenu doit se consommer sur téléphone intelligent et tablette aussi « confortablement » que sur ordinateur. Selon Arnaud Granata, éditeur d’Infopresse, le Québec est en plein virage mobile. Il a expliqué à eMarketer que parce qu’une part importante des lecteurs d’Infopresse commencent la journée sur leur téléphone intelligent,  tout le contenu se trouve désormais sur une nouvelle plateforme adaptée à la mobilité.

Les Québécois achètent en ligne aux États-Unis.

Le consommateur numérique québécois est peut-être moins numérique que la moyenne, mais une chose est certaine : il achète en ligne au même titre que ses voisins. Le 22 août dernier, Jacques Nantel discutait des conséquences du commerce électronique à la radio de Radio-Canada. Au Québec, 6% de la consommation passe par le Web. Cela représente environ 7 milliards de ventes annuelles. Pourtant, la moitié des achats numériques effectués dans la province se font sur des sites principalement américains.

En 2015, le CEFRIO a publié une étude réalisée auprès de 1200 entreprises québécoises confirmant un virage numérique plus rapide pour les consommateurs que les entreprises. Selon Jacques Nantel, le Québec est encore dépassé par la croissance du commerce électronique et les conséquences sur l’économie sont sous-estimées. S’il n’est pas possible d’éliminer complètement les achats effectués à l’étranger, il est certain qu’une accélération du virage numérique des entreprises aurait un impact positif.

***

Il est vrai que les Québécois sont encore attachés aux médias traditionnels et un peu frileux face aux « nouveaux » médias sociaux. Ils ont aussi un penchant pour le contenu conçu spécifiquement pour eux et leur propre star système. Par contre, leur téléphone intelligent fait partie de leur quotidien et ils magasinent en ligne comme les autres Canadiens et les Américains. Au Québec en 2017, un site transactionnel adapté à la mobilité, au même titre qu’un compte Facebook, ce n’est plus juste un nice to have.

 

Sources :

  1. French Canada 2017 : The Digital Distinctions that Set Quebec Apart
  2. Indice du commerce électronique au Québec – Volet entreprises – Édition 2015
  3. Les conséquences du commerce électronique sur l’économie sont sous-estimées
  4. Médias sociaux et économie de partage en ligne au Québec
  5. Mobilité au Québec en 2016 : état des lieux

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