Dilatation de la pupille et mesure de la charge cognitive : innovations UX

La force des tests utilisateurs est de recueillir l’opinion et le point de vue des utilisateurs de nos plateformes interactives. Pour plusieurs entreprises, c’est leur seule occasion de voir comment les gens utilisent vraiment la plateforme. Juste pour ça, les tests utilisateurs sont essentiels, même dans leur forme la plus simple. Encore mieux, les outils maintenant à la disposition des experts UX permettent de pousser l’objectivité des tests utilisateurs traditionnels. Avec eux, on peut mesurer l’attention, l’attractivité et l’éveil. Ça nous aide à mieux comprendre l’interaction. On peut aussi s’attarder  à une dimension dont nous avons peu discuté dans notre blogue jusqu’ici : la charge cognitive.

La charge cognitive, c’est le niveau d’effort mental perçu par l’utilisateur pour accomplir une tâche avec succès (Jung et al. 2011, traduction libre). Simplement, plus la charge cognitive est élevée, plus les risques d’échec sont élevés car la tâche demande un plus grand effort mental, ce qu’on veut évidemment éviter. Cela dit, avant de réduire les moments où la charge cognitive est élevée, il faut réussir à les identifier.

Il existe plusieurs façons de mesurer la charge cognitive des utilisateurs : questionnaires, rythme cardiaque, etc. Chez imarklab, nous utilisons fréquemment la dilation des pupilles comme méthode de mesure. Elle présente plusieurs avantages par rapport aux autres :

  • C’est une méthode non intrusive, c’est-à-dire qu’aucun appareil de mesure n’est posé sur le corps ou n’entrave le mouvement des utilisateurs.
  • Cette mesure peut-être récoltée par les oculomètres que nous utilisons déjà fréquemment lors de nos projets de tests utilisateurs.
  • Cette mesure peut être croisée avec les mesures oculométriques traditionnelles. On peut donc lier la charge cognitive à des zones spécifiques de l’interface, ce qui nous permet d’émettre des recommandations d’amélioration précises.

Dilatation des pupilles : comment ça marche

La charge cognitive se manifeste de façon visible sur le corps humain, notamment par la dilation de la pupille des yeux. En mesurant précisément l’importance de cette dilatation, on obtient une mesure relative de la charge cognitive. Ça tombe bien, car les oculomètres modernes sont en mesure de récolter cette donnée. L’analyse de ces données nous permet de dégager quelles zones de l’interface ou encore quelles tâches génèrent des niveaux de charge cognitive élevée.

Dilated-Vs-Contracted-Pupils

Pupille contractée vs. dilatée

Nous avons utilisé cette méthode dans plusieurs tests utilisateurs récemment et force est de constater que c’est efficace ! Les résultats obtenus sont très cohérents avec les autres données récoltées lors de ces tests.

À titre d’exemple, le diamètre moyen des pupilles des participants lorsqu’ils regardaient le carrousel sur la page d’accueil d’un site était de 3,1 mm tandis qu’il était de 4,6 mm lorsqu’ils regardaient le chronomètre dans un processus d’achat à durée limitée (courant dans le cadre d’achats de billets de spectacle par exemple). Si les variations ne sont pas toujours aussi marquées, ils constituent une corde de plus à l’arc de l’expert en UX.

Quelques trucs pour réduire la charge cognitive

La capacité de notre cerveau à traiter de l’information est limitée. Comme experts UX, une partie de notre travail est de minimiser la charge qu’on lui soumet. Pour vous aider, NNGroup propose trois manières de réduire cette charge :

1. Éliminer le fouillis visuel

Les contenus superflus ralentissent les utilisateurs, retirez-les. D’ailleurs, n’oubliez pas que les espaces vides jouent un rôle important ! N’ayez pas peur de les utiliser.

2. Miser sur les modèles connus des utilisateurs

Les utilisateurs ont des habitudes déjà construites, ce qui facilite leur tâche lorsqu’ils naviguent. En sortant des conventions de navigation, on risque parfois de ne réussir qu’à compliquer le travail de nos utilisateurs. Soyez prudent et misez sur les modèles établis.

3. Simplifier les tâches

Pour chaque instance où l’utilisateur doit faire appel à sa mémoire, doit lire du texte ou encore prendre une décision, essayez de trouver une alternative, par exemple en transformant un bloc d’information texte en image.

Si ce genre d’outils vous intéresse, consultez nos précédents billets au sujet de l’oculométrie et de la lecture des émotions faciales !

 

Source : Jung, Jessica, Andreas Maier, Anne Gross, Natalie Ruiz, Fang Chen, Bo Yin. « Investigating the effect of cognitive load on UX : a driving study », AutomotiveUI’11, 29 novembre au 2 décembre, 2011, Autriche.